Témoignage de Lola, gabonaise enfermée dans la zone d’attente de Roissy
Constat amer à mon arrivée à l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle de Paris, après la vérification de mon passeport avec tous les justificatifs qui vont avec : argent, réservation d’hôtel, assurance voyage, test PCR Covid et carte prépayée.
La policière qui m’a reçue a demandé à son collègue si elle pouvait me laisser passer ou pas au motif du manque du document justifiant d’un motif impérieux pour mon entrée en France. Le collègue de la policière a rétorqué « non, elle ne passe pas ». Alors, elle m’a demandé de la suivre au poste de police de l’aéroport où les policiers m’ont sommé de repartir dans mon pays avec des propos du genre « Madame, on se sent mieux chez soi, repartez chez vous » et « arrêtez de m’énerver » parce que je parlais au téléphone avec mon ami resté au pays, lui expliquant ce qui m’était arrivé et que je n’étais pas informée qu’il fallait un motif impérieux.
« Vous devez attendre la fin du Covid pour séjourner ici ». L’autre [policier] a rétorqué que le Covid ne finira jamais et ils se sont mis à rigoler. Après près de 30 minutes en cellule, ils sont venus me chercher pour la fouille. Après, ils m’ont emmenée dans un bureau pour me faire signer des documents. Je leur ai dit que je ne pouvais pas signer de documents sans avoir lu le contenu et ils m’ont dit que je pouvais les signer ou non alors j’ai refusé et je leur ai dit que je n’avais pas l’intention de violer les lois et que si c’était nécessaire que je reparte, j’étais prête mais que je ne devais pas repartir dans des conditions comme si j’avais fait un drame ou volé et que je voulais être reçue après un long voyage sans me doucher, manger ou alors avoir le droit de contacter des personnes. Ils m’ont remise en cellule et je me suis assoupie. 1 heure après, les policiers sont venus me chercher pour m’emmener dans la zone d’attente. Jusque là je ne comprenais rien, j’avais l’impression d’être prisonnière. Je ne me sentais pas bien, j’avais des palpitations. Une fois au sein de la zone d’attente : une autre fouille de mon sac à main et de moi-même. Ensuite, des objets ont été retirés de mon sac : mon parfum, miroir, coupe ongle, téléphone, chargeur.
Ensuite, on m’a fait monter à l’étage et présenté au service de la Croix-Rouge. C’est à ce moment-là que les agents de la Croix-Rouge m’ont expliqué pourquoi j’étais là et quels étaient mes droits. Je commençais à me sentir un peu plus à l’aise malgré la fatigue des voyages et les tracas de l’aéroport. Ensuite, ils m’ont remis un kit (drap, serviette, shampooing et petit dentifrice). J’ai regagné la chambre. Après, j’ai commencé à prendre connaissance du document que la police m’avait remis, jusqu’à ce que je me rende compte que le motif pour lequel on m’avait refusé l’accès au territoire était que je représentais un danger pour l’État français, pour la santé publique et les autres…
Alors là, j’ai compris que j’avais des ennuis. J’ai pleuré et je me suis sentie très mal étant donné que je ne suis pas atteinte du Covid. En fait, jusqu’au moment où j’écris je ne comprends toujours pas comment je représente un danger pour un État comme la France ou pour l’Europe. Je ne suis pas une terroriste ou un meurtrier. Je n’ai juste pas eu l’information à temps qu’il me fallait un motif impérieux pour venir en France à cause du Covid. Je suis traumatisée et les agents de la Croix-Rouge m’ont fait savoir que je devais être entendue par Monsieur le Juge des affaires administratives dimanche à 11h. Seul lui décidera de me rapatrier ou pas. Je reste donc dans l’attente de ce procès pas facile pour moi. Mais bon c’est dur. C’est dur d’être traitée de la sorte, lorsque vous avez économisé toute une année pour visiter le pays de la mode et de la marque – Oh monde triste ! Une fois rentrée chez moi la France ne sera plus dans ma liste de pays à visiter sauf en cas d’évacuation d’un proche ou d’autres raisons qui me permettront de rentrer sans me causer de préjudice moral.
Je n’ai que mon stylo et ces quelques feuilles pour exprimer ce que je ressens et vis dans cet aéroport de Paris. Je marque une pause, la suite selon les évènements…
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