Brève 2012 – Le plus beau jour de sa vie

Publié le 01 Juil 2014

Modifié le 20 Nov 2024



ContrôlesTémoignages

Monsieur M., 36 ans, est arrivé à Roissy le 27 juin 2012. Dans son pays, il est avocat. En France, il est venu passer quelques semaines pour assister au mariage de son neveu. La famille de ce Monsieur est dispersée partout dans le monde : aux Etats-Unis, en Asie du Sud, en France…

Pour ce jour si particulier, tout le monde a fait le déplacement jusqu’à Paris.

Mais en arrivant au poste frontière, Monsieur se voit refuser l’entrée sur le territoire au motif qu’il n’a pas d’attestation d’hébergement couvrant la totalité de son séjour. En effet, sa réservation d’hôtel ne couvre que les premiers jours suivant son arrivée, car il a pris cette réservation simplement pour les cinq journées du mariage. Après son séjour à l’hôtel, il comptait simplement aller chez son neveu, quand les membres de sa famille auraient commencé à repartir. Mais aux yeux de la police, cela paraît suspect. Monsieur M. est placé en zone d’attente.

Une des solutions pour en sortir est de fournir toutes les garanties nécessaires à la police aux frontières pour qu’elle infirme sa décision de refus d’entrée : il s’agit d’une régularisation a posteriori. Son neveu est alors partagé entre terminer les derniers préparatifs de son mariage qui a lieu le soir même et se rendre en zone d’attente pour apporter toutes les garanties à la police aux frontières. Bien sûr, il apportera tous les documents, plein de l’espoir de voir son oncle libéré à temps pour assister à son mariage. Mais son oncle passera la soirée, la nuit et les deux jours suivants en zone d’attente.

Finalement, il sera libéré par le Juge des libertés et de la détention quatre jours après son arrivée.

Certes, il profitera du reste de son séjour avec sa famille. Mais il n’aura pas pu assister à la cérémonie de mariage et n’apparaîtra pas sur les photos souvenirs.

Cette situation n’est malheureusement pas isolée : chaque année, des milliers de personnes se voient refuser l’accès au territoire français [1]. Cette décision de l’administration a des conséquences sur la vie personnelle des personnes : maintenues en zone d’attente, elles n’assisteront pas aux événements importants qui les ont poussées à voyager. Cette année, une femme n’aura pas pu assister à la remise de diplôme de son fils, une grand-mère n’aura pas pu rencontrer son petit-fils,…. Les cas se multiplient et les possibilités de régulariser sa situation à la frontière s’amenuisent.

Pour les autorités, la zone d’attente n’est pas conçue pour que les personnes récupèrent les documents manquants au moment du franchissement de la frontière et puissent entrer par la suite sur le territoire.

Au contraire, la zone d’attente est là pour stopper puis renvoyer ; à Roissy, elle porte d’ailleurs le nom de ZAPI, sigle pour « zone d’attente pour personnes en instance », sous-entendu « en instance [de renvoi] ».

Et peu importe les mariages, les fêtes de famille ou les heureux événements…

Aurore, Intervenante Anafé, Septembre 2012

[1En 2011, 8541 personnes étaient placées en zone d’attente en France contre 9 229 en 2010 et 13 180 en 2009 (statistiques du ministère de l’intérieur).

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