Luttons contre les violences faites aux femmes enfermées en zone d’attente

Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes :

Ce 25 novembre 2025, plusieurs dizaines de femmes sont enfermées dans les zones d’attente françaises. Qu’elles soient mineures ou adultes, qu’elles vivent en France, viennent faire du tourisme ou fuient des persécutions, c’est à la violence de la frontière qu’elles sont confrontées.

Chaque année, des milliers de femmes sont enfermées dans les zones d’attente (ports, aéroports et gares desservant l’international), dans des conditions souvent indignes et dangereuses : absence d’accès à l’extérieur, absence d’accès à leur bagages, présence de nuisibles, difficultés d’accès à des protections hygiéniques, impossibilité d’accès à la pilule contraceptive, mixité forcée, etc.

Parmi toutes ces femmes enfermées en zone d’attente, nombreuses sont les victimes de violences, pour lesquelles aucune précaution particulière n’est prise et aucun accompagnement psychologique n’est assuré.

En juin 2023, l’Anafé a suivi la situation de Silvia, femme transgenre de nationalité péruvienne, qui a été violentée par des policiers de la police aux frontières de Roissy à son arrivée puis agressée sexuellement en zone d’attente.

C’est également le cas de Linda (prénom d’emprunt), ressortissante guinéenne âgée de 17 ans, qui a été enfermée 10 jours dans la zone d’attente de Lyon, en mars 2025. La jeune fille, dont la minorité a été contestée par la police aux frontières, a demandé l’asile après avoir fui des violences sexuelles intra-familiales. En zone d’attente, elle a été victime de nombreuses violations de ses droits, dont l’absence d’interprète et l’absence d’accès à un médecin. Linda a été renvoyée au Maroc puis en Guinée, après avoir été menacée de violences par la police aux frontières. 

« Concernant Linda, le ministère de l’intérieur a remis en cause la véracité des violences sexuelles intra-familiales dont elle a été victime pour rejeter sa demande d’asile. Cette situation est emblématique de la violence institutionnelle imposée aux femmes et filles enfermées en zone d’attente, qui vient s’ajouter aux violences physiques et sexuelles subies dans leur pays d’origine ou au cours de leur parcours migratoire » déclare Laure Palun, directrice de l’Anafé.

Au nom d’une politique répressive, violente voire xénophobe, les autorités de police pratiquent ou couvrent les violences faites aux femmes pendant leur maintien en zone d’attente ou à l’occasion de leur renvoi.

Le 4 juillet 2025, la Défenseure des droits a rendu une décision concernant le renvoi violent d’une ressortissante marocaine, qui avait été enfermée à l’aéroport d’Orly :

« Madame X. indique que les policiers lui ont attrapé les bras avec force, qu’ils ont attaché ses pieds et ses jambes « avec une sorte de ruban adhésif très serré », qu’ils ont mis ses mains « dans une sorte de gros gant serré par une sangle verte » et qu’ils lui ont mis un masque serré sur le visage. Ainsi transportée jusqu’à un véhicule, Mme X rapporte que deux policiers l’ont portée par les aisselles pour l’installer dans la voiture. »

En contradiction avec la lutte contre les violences sexuelles et sexistes et les dispositifs de prises en charge par les différentes agences publiques, l’enfermement en zone d’attente redouble et aggrave les traumatismes subis par les femmes exilées alors même que leur vulnérabilité devrait être détectée et prise en compte. Cette journée est l’occasion de rappeler que les violences faites aux femmes enfermées en zone d’attente constituent une réalité systémique dont l’Anafé fait une priorité de son action opérationnelle et politique. L’Anafé sera attentive aux conditions d’enfermement aux frontières dans le cadre du pacte européen sur la migration et l’asile qui sera appliqué dès juin prochain. 


Crédit photo : JC Hanché pour le CGLPL

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