Rapports d’activité et financier 2024

En 2024, la France et l’Union européenne ont franchi une nouvelle étape dans leur politique d’hostilité envers les personnes étrangères avec l’adoption, en janvier, de la loi pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration et, en juin, du Pacte européen sur la migration et l’asile, ainsi que de la réforme du code frontières Schengen. Ces trois textes, les plus répressifs depuis 60 ans, marquent un recul sans précédent des droits des personnes étrangères et des moyens de les exercer ainsi qu’une augmentation inquiétante du pouvoir discrétionnaire de l’administration.

Petit à petit, les politiques migratoires françaises et européennes diminuent les droits fondamentaux des personnes vulnérabilisées, fragilisent leurs conditions de vie et dégradent l’État de droit.

En zone d’attente, les possibilités d’accès au juge pour contrôler la légalité et les conditions d’exécution des mesures d’enfermement ou pour faire valoir ses droits à une protection internationale contre les risques de persécution sont en net repli, voire ont été supprimées dans certains territoires d’outre-mer. De nouveaux systèmes de fichage des personnes ont été créés. Aux frontières intérieures terrestres, le renforcement des contrôles, l’augmentation des sanctions, la dégradation du droit d’asile traduisent une politique migratoire davantage axée sur la dissuasion par la sanction et la criminalisation des migrations. À l’échelle européenne, la généralisation de l’enfermement aux frontières et des procédures expéditives de traitement des demandes d’asile met progressivement et méthodiquement en œuvre l’idéologie et les obsessions de l’extrême droite. Ces lieux d’enfermement sont des laboratoires de la maltraitance institutionnelle : privation de liberté, obstacles à l’accès au droit, invisibilisation des souffrances.

Les politiques migratoires ont mis en place un système implacable, déshumanisant et dégradant de tri et d’enfermement aux frontières françaises et européennes. Pendant que les droits reculent, les conditions matérielles et sanitaires de privation de liberté se dégradent.

Depuis plus de 35 ans, l’Anafé est une vigie citoyenne de ces politiques de criminalisation et d’invisibilisation des migrations et de leurs soutiens. Le rôle des associations dans les lieux d’enfermement est essentiel pour le maintien et la défense de l’État de droit et des droits fondamentaux. Pourtant, jamais les attaques, intimidations et menaces contre les associations n’ont été si fortes, depuis la sortie de la seconde guerre mondiale. Qu’elles émanent de l’extrême droite ou de ses alliés, complices ou relais dans l’appareil politique français et européen, ces attaques ont pour but de se débarrasser de la parole citoyenne et de pouvoir mener, sans entrave, un projet politique délétère pour des milliers de personnes en situation d’exil.

Le projet est simple : trier, enfermer, humilier et renvoyer des milliers de personnes vulnérabilisées chaque année et se débarrasser méthodiquement des garanties juridiques, du droit commun et des associations qui les défendent pour poursuivre la construction de la forteresse Europe, souvent à des fins électoralistes.

Une autre voie est non seulement possible mais nécessaire et salutaire, centrée sur des valeurs humanistes, d’accueil, de protection et de solidarité, centrée sur la dignité et le respect des personnes en exil.

L’Anafé, ses soutiens et ses partenaires la défendent. Nous continuerons à résister aux discours et aux logiques sécuritaires et à l’idéologie de l’obsession de l’enfermement.

Mettons en œuvre notre devoir de fraternité et de solidarité !

Alexandre Moreau, Président

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